mercredi 11 juillet 2007
Flak uber alles
....durant la Seconde Guerre mondiale, la FLAK (Flugzeug Abwehr Kanone) allemande endommagea ou détruisit plus d'avions alliés que la Luftwaffe elle-même. Ainsi, de juillet 1942 à mai 1945, si les britanniques attribuèrent la perte de 2 278 de leurs bombardiers à la chasse allemande (contre "seulement" 1 345 du fait de l'artillerie
antiaérienne), ils reconnurent que 8 848 autres appareils avaient été endommagés par la FLAK, contre 1 728 par la chasse.
Chez les Américains, qui bombardaient de jour, il n'était pas rare que tous les bombardiers d'un groupe rentrés à leur base fussent endommagés, ou carrément rendus irréparables, du fait de la FLAK
Très efficaces à basse altitude, les canons de petit calibre (20 et 37mm), généralement montés sur affûts double ou quadruple, devinrent rapidement la terreur des aviateurs alliés qui, lorsqu'ils le pouvaient, cherchaient toujours à se maintenir au dessus de 3 000 mètres, à la limite de portée de ces armes.
Les canons de gros calibre (de 88 à 128mm) prenaient le relais jusqu'à des hauteurs d'environ 10 000 mètres, mais ne pouvaient, pour des raisons purement mécaniques, offrir les mêmes cadences de tir, mobilité et rapidité d'élévation.
S'il était facile de déplacer les canons de la FLAK légère d'un emplacement vers un autre, l'opération s'avérait autrement plus ardue pour les canons de la FLAK lourde qui, en règle générale, demeuraient donc concentrés en des endroits précis - comme les indestructibles "tours à Flak" de Berlin ou Vienne - que les aviateurs alliés apprenaient rapidement à éviter lorsqu'ils traversaient l'Allemagne. De fait, à chaque raid aérien, seuls 5% des quelques 10 000 canons de FLAK lourde étaient réellement en mesure d'entrer en action, les autres ayant été prudemment pris à revers par les bombardiers alliés
La pratique la plus courante était celle du tir de barrage, certes efficace contre des bombardiers évoluant en groupes, mais extraordinairement vorace en munitions. En 1942, on estimait par exemple que la destruction d'un bombardier allié en plein vol nécessitait une moyenne de 4 057 obus. Mais il en fallait plus de 33 000 à la fin de 1944 (!) De même, la consommation d'obus, estimée à 500 000 par mois en 1941/42 était passée à plus de 3 millions par mois (!) En 1944, plus de deux millions de soldats et de civils étaient liés directement ou indirectement à l'artillerie anti-aérienne, qui absorba 30% de tous les canons et 20% de tous les obus produits durant l'année.
Et lorsque l'on commença à démanteler les effectifs des unités de FLAK pour combler les pertes subies sur les différents fronts, ce furent des civils, et souvent les enfants des écoles qui prirent la relève. Ainsi, le 6 mars 1944, le Flak Abteilung 437 - dont les canons de 105mm étaient installé au coeur de Berlin était servi par 36 soldats de l'armée régulière, 90 écoliers et... 29 prisonniers russes.
"Nous étions dans une situation bizarre, traités tantôt comme des soldats, tantôt comme des enfants (...) On espérait que nous abattrions des avions ennemis avec nos canons de 105mm, mais nous n'étions pas considérés comme assez vieux pour porter les fusils lorsque nous devions essayer de capturer les équipages qui descendaient en parachute"
De même, dans le district de Siemensstadt, le Leicht Flak Abteilung 722 alignait lui aussi ses trois canons de 37mm... à moins de 100 mètres de l'école où étudiait Godfried Gottschalk, "Lufwaffenhelfer" de 16 ans :
"Un garçon est entré dans la classe et a crié 'Voralarm!' Nous nous sommes tous levés pour nous ruer dehors vers les canons, en attrapant casque d'acier et masque à gaz"
Il ne restait plus à ces "enfants" qu'à débâcher les canons, comprimer les ressorts d'armements, puis glisser un chargeur de 6 obus dans chaque culasse...
Si les bombes tombaient sur l'école avant qu'ils arrivent à leurs canons, ils mouraient en civils innocents, injustement pris pour cible. Si elles tombaient deux minutes plus tard, et cent mètres plus loin, ils devenaient soldats morts au combat. S'ils abattaient un B17 américain, tuant les dix hommes d'équipage, ils étaient décorés comme héros de la Nouvelle Allemagne. S'ils le rataient, ou si aucun bombardier ne se présentait à portée de tir, ils rebâchaient les canons et retournaient tranquillement en classe dès la fin de l'alerte.
L'innocence, c'est seulement une question de lieu et d'époque...
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