mercredi 11 juillet 2007

le coup de Gleiwitz

... le protocole secret du pacte germano-soviétique de non-agression définissait explicitement les "sphères d'influence réciproques en Europe orientale", accordant à Staline la Finlande, l'Estonie, la Lettonie et la Bessarabie, ainsi qu'une partie de la Pologne.

Il n'était plus question, comme le prétendait pourtant Hitler, de "désenclaver Dantzig", ni d'y créer un "corridor humanitaire" au bénéfice de la population germanophone : il s'agissait ni plus ni moins que d'attaquer militairement la Pologne, et de se la partager ensuite.

Mais Hitler était formaliste, il lui fallait un prétexte officiel. Ce prétexte, ce fut le fidèle Alfred Naujocks qui le lui fournit.

Né en 1908, adjoint de Reinhard Heydrich (chef de la SD et futur Reich-Protecteur de Bohème-Moravie), Alfred Helmut Naujocks
est un nazi de la première heure et - déjà - un spécialiste des actions clandestines.

Le soir du 31 août 1939, alors que les troupes allemandes n'attendent plus que le feu vert pour attaquer, son commando, revêtu d'uniformes polonais, s'empare de la station de radio allemande de Gleiwitz, en Silésie, à deux pas de la frontière polonaise

Une fausse "attaque", exécutée par de faux Polonais contre une vraie station de radio allemande, et qui doit, en diffusant une déclaration en polonais laissant croire à une attaque polonaise, apporter le prétexte idoine au Führer.

L'action est rondement menée, et les gardiens de la station promptement assommés à coups de crosses. Mais au moment où un des hommes de Naujocks s'apprête à lire le message sur les ondes, pas moyen de trouver le commutateur qui basculerait l'émission sur le réseau national (!)

Tant pis : l'émission ne sera perçue que par les quelques habitants du lieu. Ceci fait, Naujocks et ses hommes évacuent la station, tirent quelques coups de feu en l'air,... et abandonnent sur place un cadavre criblé de balles : celui d'un malheureux déporté du camp d'Orianenbourg, euthanasié pour l'occasion, puis revêtu d'un uniforme polonais.

Au matin du 1er septembre, le Völkischer Beobachter - journal officiel du parti nazi - titre à la Une sur "l'attaque polonaise".

Mais Hitler a déjà pris les devants : à 04H45, les premières troupes allemandes ont pénétré en Pologne. Et à Dantzig, le vieux pre-dreadnought "Schleswig-Holstein", vétéran de la Première guerre mondiale, a déjà tiré les premiers obus de la Seconde...

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